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Histoire & Patrimoine

Saint-Jean-de-Niost : une histoire entre terres et eaux

Saint-Jean-de-Niost, c’est un ensemble de hameaux à l’histoire chaque fois singulière. C’est aussi la rivière d’Ain, antique voie de communication ayant concouru au développement économique du village. En effet, le dernier radeau de bois flottés venus du Jura a traversé Saint-Jean en 1921. Les ponts, les barrages et le chemin de fer ont eu raison d’une activité déjà mentionnée au Moyen-Age.

Les 7 hameaux de Saint-Jean correspondent à des entités répondant à son développement historique.
Il semblerait que tout a commencé à Niost non loin de l’église Saint-Jean Baptiste.

Niost, issu du gallo-romain Noioscus, signifie « nouvel établissement ». C’était un domaine agricole de défrichement et de mise en valeur, possession des religieux de l’abbaye d’Ainay puis du chapitre de Saint-Jean Baptiste à Lyon. Une charte datant de 971 mentionne déjà la paroisse de Niost. L’ajout de Saint-Jean ne date que de 1624. Un prieuré situé proche de l’église actuelle se mirait dans les eaux de la rivière qui venait alors se mêler aux ruisseaux débouchant de la forêt.

En remontant en direction de Port Galland, on aborde le hameau du Clavoz dont le nom rappelle la culture de la vigne dans les pentes.

De là se profile la colline de Gourdans qui abrite le majestueux château de Gourdans, demeure privé dont l’origine remonte au XIIe. Il était le siège de l’autorité militaire et judiciaire, pendant de l’autorité spirituelle à Niost. Sa position en éperon au-dessus de la rivière évoque cette ligne de forteresses que les comtes de Savoie avaient érigées, sentinelles qui eurent leurs heures de gloire jusqu’au rattachement de la Bresse, du Bugey et du Valromey au royaume de France en 1601.

Non loin, le château dit de Marcel, autre demeure privée, tenait la fonction auxiliaire de collecteur des eaux ruisselantes, de places d’armes et d’arsenal pour Gourdans.

La Madone de Marcel, vierge sur son piédestal, domine le château. Elle fut érigée en 1908 par M. JULLIEN, alors propriétaire, inconsolable après le décès de son épouse.

Ces demeures fortes commandaient jusqu‘à la Révolution un petit peuple exploitant des terres et des granges dites d’En-Haut et d’En-Bas. Le nom de Gourdans évoque un gué sur l’Ain (Gord Anus en gallo-romain).

Le hameau de Port Neuf est intimement lié au trafic transversal et longitudinal sur la rivière. C’est ici qu’il y eut du XVIe siècle au moins jusqu’en 1921 un bac permettant la traversée vers Blyes et la route des marchés savoyards, à commencer par Lagnieu, mais aussi le passage à gué des troupeaux vers les pâtures de Ricotty, propriété de la communauté de Saint-Jean. Le hameau s’est développé grâce aux activités de passage et à la pêche réglementée dont le produit était vendu soit aux seigneurs, soit, plus tard, aux marchands lyonnais. C’est là que se situa jusqu’à la Révolution un des péages pour les denrées acheminées par voie d’eau.

Le chemin qui rejoignait Port Neuf correspondait avec celui qui joignait les grands espaces économiques de Montluel, Miribel et Lyon. On présume qu’une voie romaine l’a précédé. Cette voie essentielle remontait donc en direction de Buyat, hameau-centre. Et c’est naturellement à Buyat que se développèrent des auberges et des commerces qui attirèrent une population à l’étroit à Niost, Gourdans ou Monétroi. C’est là que les troupeaux s’arrêtaient pour boire dans les « buyes », trous d’eau alimentés par des sources dont les résurgences se trouvent encore en contrebas, au hameau du Plan où se situait le lavoir.

Le 7e hameau c’est Monétroi. Loin de la rivière, éloigné des chemins de grands passages, Monétroi tire son nom de Monastérium, espace agricole mis en valeur par quelques religieux et les paysans locaux. Antique emplacement farouchement indépendant à l’orée du plateau dombiste, Monétroi a développé une vie propre rythmée par les activités des grandes familles encore présentes de nos jours. L’élevage des chevaux de trait y est une tradition.

Pour finir, un mot sur l’église Saint-Jean Baptiste. L’édifice actuel date pour la plus grande part de la reconstruction de 1854. Il fut ruiné à la Révolution. Subsiste encore visiblement le chevet, témoin de l’église des premiers temps médiévaux. L’abside gothique porte une clé de voûte frappée aux armes de la Maison de Savoie. À l’entrée, on peut admirer un bénitier, sans doute fonds baptismal, taillé dans la roche jurassique dont l’origine remonte très probablement au premier édifice bâti vers l’an Mil.

Blason de Saint-Jean-de-Niost
Carte des sites à visiter